Saviez-vous que Montréal comptait à l’époque de la Nouvelle-France les terres les plus fertiles de la province de Québec? Au début de la colonie et jusqu’à l’industrialisation, le bâti montréalais était secondaire par rapport aux jardins potagers qui étaient présents à l’intérieur des fortifications, comme en témoigne le plan de Montréal effectué par Chaussegros-de-Léry en 1731 (voir figure ci-bas).
Avec le début du 20ème siècle, la ville de Montréal se développe et les industries se multiplient. L’espace dédié aux potagers se fait de plus en plus rare. Une forte immigration vient aussi modifier le territoire. Or, certaines communautés culturelles (italiennes, portugaises) apporteront avec elles leurs savoirs et leurs pratiques horticoles, permettant au paysage de conserver quelques lopins cultivés.
Pendant les difficiles années suivant la crise de 1929 et jusqu’à la Deuxième Guerre Mondiale, plusieurs initiatives en agriculture urbaine naîtront. Parmi elles, le développement du premier jardin communautaire en 1936 à Lasalle, la mise en place de ruches sur le domaine des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph ainsi que la multiplication des terres dédiées aux potagers afin d’assurer la survie des citadins.
D’ailleurs, saviez vous qu’il était courant de voir des poulaillers à Montréal à l’époque ?
Nous devons retourner en 1936 pour retracer la première initiative de jardin communautaire de la ville de Montréal, dans l’arrondissement de Lasalle, alors municipalité indépendante.
Mais le programme des jardins communautaires de la Ville de Montréal tel qu’on le connaît aujourd’hui a débuté en octobre 1974, suite à un incendie qui a anéanti un quadrilatère complet dans le Centre-Sud de Montréal. Quelques habitants de ce quartier défavorisé ont alors demandé la mise sur pied d’un jardin dans cet espace qui leur permettrait d’assurer leur sécurité alimentaire.
Le premier jardin communautaire à l’intersection des rues Alexandre-Desève et Lafontaine venait de prendre forme, avec l’aide de l’Office d’embellissement de la Ville et du Jardin botanique. Cette année-là, trois autres jardins émergent dans ce même quartier. En 1975, l’administration municipale démarre son Programme municipal des Jardins communautaires. Depuis, la demande n’a cessé d’augmenter, et par le fait même le nombre de jardins. Selon les chiffres de la Ville, on comptait 43 jardins communautaires en 1981, 72 en 1996 et 76 en 2001. En 2011, leur nombre s’élève à 97 pour près de 25 hectares.
En savoir plus sur les jardins communautaires
La première initiative de jardinage collectif à Montréal est plus récente. Elle remonte à 1997 et prend racine dans l’actuel arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. Le Jardin Cantaloup est une initiative impliquant la collaboration de l’organisme communautaire Action communiterre, alors connu sous le nom d’Éco-initiatives, et du Dépôt alimentaire NDG. À la même époque, un autre jardin collectif voit le jour à Longueuil, sollicitant la collaboration de l’organisme environnemental Équiterre et de l’organisme communautaire La Croisée de Longueuil.
L’idée derrière l’initiative des jardins collectifs provient des modèles à la fois des jardins communautaires new-yorkais, du modèle cubain et des jardins de réinsertion français. En 2008, on recensait plus de neuf organismes de jardinage collectif gérant 42 jardins et mobilisant environ 2000 citoyens.
En 2011, on en comptait plus de 75 sur le territoire de la Ville de Montréal.
Depuis quelques années, deux autres types de jardin ont vu le jour à Montréal : le jardin institutionnel et le jardin d’entreprise. Parmi les institutions ayant développés des projets en agriculture urbaine, mentionnons les quatre campus universitaires montréalais, soit l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), l’Université de Montréal, l’Université Concordia et l’Université McGill. Le jardin d’entreprise est aussi une pratique en émergence. De plus en plus d’entreprises montréalaises (restaurants, hôtels, boutiques, etc.) intègrent l’agriculture urbaine sur leur lieu même de travail. Certaines de ces entreprises sont destinées à l’agriculture urbaine même (Fermes Lufa), tandis que d’autres le font pour l’environnement, pour le plaisir, pour agrémenter leur cuisine, pour faire profiter leurs employés, etc.
Montréal compte aujourd’hui l’un des plus important programme d’agriculture urbaine au monde avec plus de 8500 parcelles réparties dans 97 jardins, 75 jardins collectifs et de nombreuses initiatives privés, sans compter que 30% de la population du Grand Montréal (sondage léger marketing) dit cultiver des plantes potagères sur leur terrain, balcon ou toit…